Histoire du château d'Anet

Le château d'Anet, situé dans le département d'Eure-et-Loir en région Centre-Val de Loire, a une histoire riche et fascinante. Construit au XVIe siècle, il est un exemple remarquable de l'architecture de la Renaissance française.

L'histoire du château d'Anet commence en 1547, lorsque le roi Henri II offre à Diane de Poitiers, sa favorite, les terres d'Anet sur lesquelles elle fait construire un magnifique château. Diane de Poitiers charge l'architecte Philibert Delorme de concevoir ce qui deviendra l'un des plus beaux châteaux de la Renaissance. Les travaux débutent en 1555.

Le château est construit selon un plan symétrique autour d'un axe central. Il présente des façades élégantes ornées de sculptures et de motifs inspirés de l'Antiquité. L'aile ouest abrite un pavillon carré flanqué de tourelles, tandis que l'aile possède une galerie ouverte décorée de pilastres.

L'édifice s'organise autour d'une vaste cour intérieure dominée par un escalier d'honneur. Ce majestueux escalier à révolution, chef d'œuvre de Philibert Delorme, est l'un des premiers de ce type construit en France. Ses rampes uniques en pierre semblent suspendues dans les airs.

L'intérieur du château est richement décoré dans le style Renaissance. Les plafonds sont ornés de caissons sculptés, les murs revêtus de boiseries et de tapisseries. La grande salle des gardes située au rez-de-chaussée possède un plafond peint remarquable.

Une page se tourne pour le château d‘Anet

Après la mort d'Henri II en 1559, Diane de Poitiers est contrainte de quitter Anet et de rendre le domaine à la couronne de France. Le château devient alors possession royale. En 1599, le roi Henri IV offre Anet à sa maîtresse Gabrielle d'Estrées qui y séjourne jusqu'à sa mort en 1599.

Au XVIIe siècle, le château passe entre différentes mains. Il est acquis en 1604 par le financier Sébastien Zamet qui y fait réaliser d'importants travaux décoratifs dans le goût baroque. En 1633, le cardinal de Richelieu rachète Anet et le transforme en résidence d'apparat dotée d'un grand parc à la française.

A la mort du cardinal en 1642, le château revient à la couronne. Louis XIV le cède à son frère Philippe d'Orléans en 1692. Ce dernier confie à Jules Hardouin-Mansart, architecte de Versailles, le soin de moderniser le château. Hardouin-Mansart transforme les combles en étage noble et construit l'aile nord.

Sous la Régence, le duc d'Orléans vend Anet au richissime fermier général Alexandre Le Riche de La Poupelinière. Ce mécène des Lumières y rassemble une cour d'artistes et d’intellectuels. Il fait notamment aménager un théâtre privé dans une aile du château.

Révolution Française : la fin d’une époque

En 1792, pendant la Révolution française, le château est vendu comme bien national. Il est progressivement démantelé et pillé. Ses collections d’art et son mobilier précieux sont dispersés. Seul le gros-œuvre du château survit à cette période troublée.

Au XIXe siècle, le château passe entre les mains de différents propriétaires privés. Mal entretenu, il continue de se dégrader lentement. En 1905, l’industriel Édouard André rachète Anet et entreprend une campagne de restauration du château. Il reconstitue les jardins à la française et sauve ce joyau de l'architecture Renaissance de la ruine.

Classé monument historique en 1913, le château d'Anet devient propriété de l'État en 1961. D'importants travaux de restauration sont alors conduits pour redonner à l'édifice son aspect d'origine. Aujourd'hui, le château se visite et accueille chaque année de nombreux touristes venus admirer ce fleuron du patrimoine français.

Riche de plus de 400 ans d'histoire, le château d'Anet porte la marque des grands noms qui l'ont possédé et embelli. Château de favorite sous Henri II, demeure royale fastueuse avec Louis XIV, haut-lieu culturel au Siècle des Lumières, le château d'Anet a traversé les époques en conservant intact le génie de ses créateurs, Philibert Delorme et les grands architectes de la Renaissance française.

Outre son architecture remarquable, le château d'Anet est également célèbre pour les œuvres d'art prestigieuses qu'il a abritées.

Sous Diane de Poitiers, de nombreux artistes séjournent à Anet et contribuent à son embellissement. Le peintre Jean Cousin réalise ainsi plusieurs tableaux et décore la chapelle du château de fresques. Les sculpteurs Jean Goujon et Germain Pilon créent des œuvres originales pour le décor intérieur.

Mais l'œuvre la plus célèbre commandée par Diane de Poitiers pour Anet est sans conteste les Trois Grâces, sculptées par Germain Pilon entre 1561 et 1563. Ce groupe statuaire, symbole d'élégance et de raffinement, est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de la sculpture française de la Renaissance. Les Trois Grâces ornent d'abord le tombeau de Henri II avant d'être installées dans le parc du château.

Sous Louis XIV, le château abrite également des collections prestigieuses. Charles Le Brun y réalise une importante série de peintures sur la vie d'Apollon pour décorer les appartements du roi. Des tapisseries des Gobelins sont commandées spécialement pour Anet.

Au Siècle des Lumières, La Poupelinière poursuit l'enrichissement artistique du château et commandes des œuvres à Boucher, Pigalle, Coypel... Il fait également construire sur le domaine un petit Trianon inspiré de celui de Versailles.

Malheureusement, la plupart de ces trésors sont dispersés après la Révolution française lorsque le château est pillé. Seules les Trois Grâces sont sauvées et transférées au Louvre. Le château perd alors l'essentiel de ses collections.

Aujourd'hui, le château renferme encore quelques œuvres et mobilier d'époque, comme un ensemble de tapisseries des XVIe et XVIIe siècles ou des peintures de Jean Cousin. Mais c'est surtout la beauté de son architecture Renaissance qui fait la renommée d'Anet. Labellisé "Patrimoine du XXe siècle" pour sa restauration exemplaire, le château témoigne brillamment de l'art de bâtir à la française sous le règne d'Henri II.

Outre le château, les jardins d'Anet méritent également qu'on s'y attarde. Dès l'origine, Diane de Poitiers adjoint au château des jardins magnifiques typiques de la Renaissance. Des parterres symétriques agrémentés de fontaines et de statues antique sont aménagés autour du bâtiment.

Sous le cardinal de Richelieu au XVIIe siècle, les jardins sont réaménagés dans le style classique français. Un grand parc à la française est créé, orné de canaux, de bassins et de sculptures. Le Nôtre, jardinier du roi, travaille probablement à Anet à cette époque.

Au XVIIIe siècle, La Poupelinière confie la refonte des jardins à Louis Carrogis Carmontelle. Celui-ci les dote d'un jardin anglo-chinois Fantasy très à la mode. Fabriques ornées de rocailles, pagodes, belvédères, labyrinthes végétaux composent ces jardins pittoresques.

Malheureusement, ce chef d'œuvre disparaît après la Révolution lorsque le parc est morcelé et les fabriques détruites. Au début du XXe siècle, Édouard André restaure les jardins dans un style mixte, mi-classique mi-paysager. Canaux et parterres à la française côtoient des bosquets et une roseraie romantique.

Aujourd'hui, le parc du château s'étend sur près de 200 hectares. Labellisé "Jardin remarquable", il présente une grande diversité de jardins : jardin Renaissance autour du château, arboretum, roseraie, jardin potager, jardin des simples (plantes médicinales) ... Une promenade ravissante pour les visiteurs et les heureux bénéficiaires d’un baptême de l’air en avion ulm.

Riche d'une histoire pluriséculaire, le château d'Anet constitue un ensemble architectural, décoratif et paysager exceptionnel. Témoin brillant de l'art de vivre à la française aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, il mérite amplement le détour. Visiter Anet, c'est plonger au cœur de l'élégance et du raffinement qui caractérisent les résidences royales et princières de France.